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Quand le bâti devient plus fort grâce au chaos : penser l’architecture antifragile

  • rpoullesprive
  • 7 oct.
  • 3 min de lecture

ou " l'architecture résiliente n'est pas suffisante" 

Dans un monde secoué par des crises climatiques, économiques, sanitaires et géopolitiques, le thème retenu cette année par l’UIA — « Concevoir la résilience » — n’est pas seulement opportun, il est devenu une responsabilité. Mais si nous nous contentons de “résister” aux chocs, ne restons-nous pas prisonniers d’un paradigme conservateur ?


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Résilience vs antifragilité : au-delà du rétablissement


  • La résilience est la capacité d’un système à absorber des perturbations et à revenir à son état initial (ou à en conserver l’essence). 

  • Par contraste, l’antifragilité (concept forgé par N. Nassim Taleb) décrit une qualité selon laquelle une structure gagne à être secouée, stressée, éprouvée. “Le résilient résiste et reste le même ; l’antifragile s’améliore.”

  • Appliqué à l’urbanisme et au bâti, cela signifie concevoir des bâtiments ou des tissus urbains qui, après une crise ou perturbation, évoluent, se renforcent, s’adaptent avec plus de vitalité — pas seulement “se réparer”.


Des recherches récentes explorent cette voie :


  • L’article “Navigating Uncertainties in the Built Environment” examine la planification antifragile, en intégrant la volatilité non comme un risque à éliminer mais comme une opportunité d’adaptation. MDPI

  • L’article “Towards an antifragile urban form” suggère des axes pour repenser les morphologies urbaines afin qu’elles prospèrent dans un monde incertain. SpringerLink


Trois façons (du plus concret au plus stratégique) de “concevoir la résilience” aujourd’hui


  1. Réemploi & transformation active Modifier, réparer, réorienter des espaces plutôt que les raser. La durabilité du bâti existant, avec ses matériaux, son énergie grise et sa mémoire urbaine, est une clé pour la continuité. Le thème du UIA 2025 — intitulé “Design for Strength” — pousse exactement dans cette direction : des bâtiments qui “résistent, s’adaptent, se reconstruisent”. International Union of Architects

  2. Redondance organisée & modularité adaptative Prévoir des marges dans la structure, des options d’extension ou de reconfiguration, des “zones tampons” pour absorber les changements de programme. Des bâtiments modulaires, des façades permutables, des rues adaptables — autant de systèmes qui n’attendent pas la catastrophe pour bouger, mais qui sont déjà en mouvement.

  3. Culture du stress maîtrisé & retour d’expérience Intégrer dès la conception des scénarios de stress (crues, canicules, fluctuations socio-économiques) pour tester et améliorer le système, plutôt que les éviter. Chaque perturbation devient un apprentissage — c’est l’esprit antifragile. En architecture, certains matériaux “autoprotecteurs” (ex : acier Corten formant une couche protectrice oxydée) montrent comment le stress (corrosion) devient bénéfice. Architect Magazine


Ma conviction aujourd’hui....

Si nous voulons bâtir pour un avenir incertain, il ne suffit plus de “tenir le coup” — il faut tirer force de l’épreuve. Cela implique :


  • de faire de la transformation plutôt que de la construction néo-neuve

  • d’adopter des processus ouverts, adaptatifs et “souples”

  • de placer l’humain, le contexte culturel et la mémoire du lieu au cœur du projet

  • de pousser les cadres juridiques / économiques pour que la réhabilitation ne soit pas pénalisée


Je crois que l’architecture qui reste debout demain sera celle qui aura su accueillir le chaos comme matière première plutôt que l’adversaire à craindre.

Alors ...dans vos projets, comment transposeriez-vous l’antifragilité sur vos bâtiments ou quartiers ? Quels stress aujourd’hui pourraient devenir demain des leviers de renforcement ?


 
 
 

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